post apocalypse

Radiations : Le risque nucléaire

" Lorsque je suis rentré d'Afghanistan, je savais que j'allais vivre. Mais Tchernobyl, c'était le contraire : cela ne tuerait qu'après notre départ...”
Le Danger
Il faut avoir visité la zone de Tchernobyl, compteur Geiger à la main, pour bien appréhender ce qui suit :
(1) Il n'y a aucun moyen de voir, sentir, pressentir, ressentir le niveau de radioactivité d'un endroit. Aucun de nos cinq sens n'est en mesure de nous alerter.
(2) Vous pouvez passer en quelques mètres d'un taux innoffensif à un taux particulièrement dangereux, il suffit d'un minuscule débris hautement contaminé sur le sol pour ça.
Le compteur Geiger est donc un outil de survie indispensable dès qu'on doit faire face à un risque nucléaire (Ne pensez pas que "guerre", il peut aussi s'agir d'un accident de centrale...). Oubliez les compteurs Geiger type guerre froide qu'on trouve sur Ebay pour pas cher, s’ils vous indiquent quelque chose il sera certainement déjà trop tard pour vous. Il convient plutôt d'acheter un compteur moderne qui dispose d'une fiabilité et d'une sensibilité indispensable à ce type d'appareil (On en trouve sur Amazon à des prix très corrects - 130€ pour le GQ GMX-320 que je possède).
En cas de potentiel risque nucléaire dans votre région, surveillez de près la radioactivité en plusieurs endroits de votre résidence et ceci de manière régulière. En effet le vent peut amener un débris radioactif de très petite taille qui va poser un problème dans une zone très restrainte... Le compteur vous permettra de le détecter et de l'évacuer avant qu'il ne soit trop tard.
La Radioactivité
Dans la nature, la plupart des noyaux d’atomes sont stables, c’est-à-dire qu’ils restent indéfiniment identiques à eux-mêmes. D’autres sont instables car ils possèdent trop de protons ou de neutrons ou trop des deux. Pour revenir vers un état stable, ils sont obligés de se transformer. Ils expulsent alors de l’énergie – provenant de la modification du noyau – sous forme de rayonnements. C’est le phénomène de radioactivité. On distingue principalement 4 familles de rayons :
  • Alpha : Expulsés du noyau atomique à une vitesse de 20.000 km par seconde, ce sont des particules d’énergie très grosses et lourdes qui ne pénètrent pas beaucoup dans la matière (une feuille de papier ou une couche d'air de quelques centimètres les arrête). La peau les arrête aussi mais en cas d’ingestion ou d’inhalation c’est une autre histoire… On parle alors d’élément contaminant non irradiant ou «risque Alpha».
  • Bêta : Expulsés à 270.000 km par secondes, ce sont des particules peu dangereuses qui sont stoppées par quelques millimètres d'aluminium ou une couche d'air de quelques mètres.
  • Gamma : Se déplaçant à la vitesse de la lumière ( 300.000 km par secondes ), ce rayonnement possède un très fort pouvoir de pénétration et ne peut être arrêté que par des matières lourdes comme le fer, le plomb (1 à 5 cm), le béton avec des épaisseurs allant de quelques centimètres à plusieurs mètres suivant l'intensité du rayonnement. Ce sont les rayons Gamma qui nous feront griller.
  • Les rayons X : Il y a peu de différence entre les rayons gamma et les rayons X utilisés en radiographie, si ce n’est leur origine.
Unités de mesure
Le Becquerel (Bq) sert à mesurer le nombre de transformations par seconde d’une source radioactive. Cette unité sert à définir le niveau d’activité d’un échantillon de matière radioactive. Un Becquerel équivaut à une désintégration par seconde. L’irradiation se mesure en Bq/m³.
Tous les rayonnements émis par les atomes radioactifs transportent de l’énergie. Lorsqu’ils rencontrent de la matière - organisme ou objet -, ils cèdent une partie ou la totalité de leur énergie à la matière rencontrée. La dose absorbée correspond à l’énergie des rayonnements cédée à la matière exposée. Cette dose n'est pas mesurables directement et doit être estimée à partir de mesures et de coefficients de pondération définis par la Commission Internationale de Protection Radiologique (CIPR). Elle se mesure en Gray (Gy).
Pour une même dose absorbée (en Gy), les effets biologiques potentiels sur la matière vivante exposée dépendent de la nature du rayonnement, de son énergie et du temps d’exposition. De plus, les tissus vivants ou organes n’ont pas la même sensibilité vis-à-vis des rayonnements. Ainsi, pour tenir compte de ces différents paramètres et notamment, dans le domaine des faibles doses, une autre grandeur de dose est utilisée, le Sievert (Sv). En gros, on dira que le sievert est le gray appliqué à l’homme. Généralement les mesures se réalisent en millisievert, un millième de Sievert (mSv) ou en microsievert, un millionième de Sievert (μSv). 1 Sv = 1 000 mSv = 1 000 000 uSv.
Geiger
Le compteur Geiger-Müller permet d’indiquer la présence et de quantifier le rayonnement ionisant émis par une source radioactive sans distinction du type de rayonnement ni de leur impact biologique. Il est principalement constitué d'un tube Geiger-Müller, réactif hautement sensible à la présence de substances radioactives ce qui permet de mesurer même de faibles niveau de radiation. Quand on mesure une source avec Compteur Geiger, on obtient un taux de comptage, c'est-à-dire le nombre de désintégrations détectées par unité de temps (Désintégration par minutes ou CPM). Comme il existe une radioactivité naturelle, venant du ciel (rayons cosmiques) et du sol, votre compteur détectera toujours cette radioactivité naturelle appelée « bruit de fond » qui varie entre 15 et 30 CPM (coups par minute).
Les Compteurs Geiger haut de gamme détectent les principales radiations (Alpha, bêta, Gamma et X) mais la majorité ne détectent pas le Alpha car les contaminations courantes suite à un incident nucléaire sont le Cesium 137 et l’iodine 131 et ils ne peuvent détecter les rayon Bêta que si une partie du tube est à découvert (Le plastique arrête les rayons Bêta). Les compteurs Geiger standards ne détectent donc que les rayons Gamma et X.
Dosimètre
En radioprotection, le débit de dose efficace est le nom officiel de ce qu'on appelle dans le langage courant « niveau de radioactivité » : c'est la vitesse à laquelle on va absorber des rayons si on est à un endroit donné par rapport à une source radioactive ou à un environnement contaminé. Le débit de dose se mesure en Sieverts. C'est une notion fondamentale, qui sert de base au zonage, c'est-à-dire à la distinction entre des zones plus ou moins radioactives, et donc d'accès plus ou moins restreint. Le dosimètre opérationnel permet de mesurer en temps réel l’exposition en microsieverts. Un dosimètre utilise généralement comme détecteur non pas un tube geiger-müller mais une diode au Silicium. En clair, cela indique que le nombre de millisieverts affiché sera correct à ±20% quelque soient les radioéléments considérés (Césium 137, Uranium, Thorium, Radium..) contrairement au compteur Geiger généralement calibré sur un seul élément, le Cesium 137. Il existe deux types de dosimètre : le dosimètre passif à lecture différée et le dosimètre actif (dosimètre électronique opérationnel) qui informe en temps réel son porteur au moment de l'utilisation.
Pour donner une image, le compteur Geiger est le compteur de vitesse de votre auto et le Dosimètre est le compteur kilomètrique.
Note : Certains compteurs Geiger proposent un affichage en uSv mais en réalité un compteur Geiger est incapable de mesurer les sieverts qui est une unité de dangerosité biologique. Tout au plus permet-il de les estimer pour un isotope donné (celui pour lequel il a été calibré, typiquement du Cesium 137). La dangerosité des rayonnement dépend principalement de leur énergie or un compteur Geiger ne sait pas mesurer les énergies, il ne sait compter que le nombre de particules détectées. C'est pourquoi le nombre de sieverts affiché par un compteur Geiger sera très souvent faux lorsque on mesure un isotope autre que celui pour lequel il a été étalonné. Enfin l'étalonnage se fait typiquement sur le seul rayonnement gamma et si vous approchez trop le compteur de la source radioactive vous compterez également les rayons beta, ce qui faussera la mesure.
Valeurs
On distinguera la notion de dose et de débit de dose car il est important de savoir que la même quantité de radiation fait plus de dégâts si elle est reçue en peu de temps.
Le français moyen reçoit une dose annuelle moyenne de l’ordre de 4,5 mSv (4500 uSv), soit 12,3 uSv par jour donc 0,50 uSv/h. En clair jusqu’à 0,50 uSv/h c’est normal. Ce chiffre est en forte augmentation à cause des actes médicaux, il était de 3,3 mSv en 2005. Il faut savoir qu’un scanner abdominal c’est 15 mSv ! Cependant aucune étude n'a encore permis de détecter un augmentation significative du risque de développer un cancer à des niveaux de dose annuelle inférieurs à 100 mSv. Une exposition cumulée sur un an à 1.000 mSv, ou 1 Sv, causerait par contre probablement un cancer mortel, de nombreuses années plus tard, chez 5% des personnes touchées.
A savoir aussi que la dose de radiation naturelle annuelle varie avec l’altitude de 0,27 mSv au niveau de la mer à 2,4 mSv en haute montagne. Connaitre la dose 'normale' chez vous permet de détecter une variation anormale même si le chiffre mesuréé n'est pas dangereux en lui même. Quelque chose d'anormal se sera produit dans votre environnement et il faut chercher à comprendre.
Une dose élevée de radiations a pour effet de détruire le système nerveux, les globules rouges et les lymphocytes, ce qui endommage le système immunitaire. En cas d'exposition très importante - de l'ordre de 1.000 mSv en quelques heures - les personnes irradiées vont souffrir de nausées, de vomissements et d'hémorragies, mais elles ne risquent pas la mort, du moins à court terme. Une dose unique de 5.000 mSv serait en revanche fatale pour la moitié des personnes exposées dans un délai d'un mois.
Au delà de 1 Sv il faut donc prendre des mesures. Confinement si vous pensez que c’est temporaire, évacuation dans le cas contraire. Les capsules d’iode permettent de protéger la thyroïde en la saturant d’iode non dangereuse pour l’empêcher de fixer de l’iode radioactive. Les capsules ont un effet optimum après 2 heures et il est conseillé de renouveler la prise toutes les 48 heures. Mais comprenez bien que l’iode radioactif n'est qu’un des nombreux radionucléides donc la pillule d'Iode n'est en aucun cas un vaccin contre la radioactivité !
Note 1 : Un compteur Geiger ne permet pas de détecter si les aliments ont des traces radioactivess (Nourriture importé du japon par exemple). L'appareil à utiliser pour ce type d'analyse est un spectromètre gamma (appareil qui coûte cher et surtout nécessite de solides connaissances techniques).
Note 2 : il n'y a pas de calcul direct permettant de passer des CPM (un comptage d'électron) au micro/milli sieverts qui est une mesure de dégats sur le corps humain. Tant que vous ne savez pas à quel isotope vous êtes exposé, vous ignorez en effet l'impact des CPM sur votre santé. Le calcul moyen donne 25 CPM = 0,21 microSv/heure (Situation normale), 50 CPM = 0,42 uSV/h (Situation a surveiller et a étudier si elle perdure), 100 CPM - 0,83 uSv/h (Alerte ! Evitez la pluie et restez enfermé en attendant de voir ce qui se passe), 150 CPM (Risque de cancer après 1 an d'exposition continue), 500 CPM (Risque de cancer après 90 jours d'exposition continue).
Note 3 : Une dose forte reçu sur un temps court provoque rapidement des effets (de 1 à 2 Sv, nausée, perte de cheveux, fatigue, trouble digestif; à partir de 3 Sv, apparition de cloques et effondrement du système immunologique). A 5 Sv c'est 50% de mortalité, 90% à 8 Sv. Au delà de 10 Sv la paralysie intervient dans les heures qui suivent l'exposition et les chances de survie sont infimes.
Confinement
Contrairement à une idée reçue, les radiations au moment de l'explosion ne sont pas un problème car si vous êtes dans la zones où elles représentent un risque mortel, vous êtes obligatoirement dans la zone où le souffle thermique va vous bruler au 3ème degrés et sans doute aussi dans la zone où l'onde de choc va tout faire s'écrouler. Bref vous êtes mort, radiation ou pas radiation ! Le danger radioactif de l'arme atomique réside en fait dans un phénomène qu'on appelle 'Retombées radioactives'. Si l'on ne peut pas faire grand-chose quant aux pertes dues au souffle lui-même, les accidents concernant les retombées sont tout à fait évitables à condition de savoir ce qu’il faut faire après un événement comme celui-ci.
Les retombées radioactives sont des matériaux radioactifs mis en suspension dans l’atmosphère à la suite de l’explosion d’une arme nucléaire ou d’un accident nucléaire. Ces éléments de petite taille (des poussières visibles ou non visibles) retombent lentement sur le sol, généralement très loin du point d’explosion. Beaucoup de ces produits de fission se dégradent rapidement et émettent des rayons gamma, une forme de lumière invisible mais très énergétique. Une trop grande exposition à ce rayonnement, et de plus sur un court laps de temps, peut endommager les cellules du corps et sa capacité à les réparer, entraînant ce que l’on appelle le syndrome d’irradiation aiguë (SAI, ou fièvre des radiations), qui désigne un ensemble de symptômes potentiellement mortels.
Seuls des matériaux très denses et épais, comme une épaisse couche de terre ou plusieurs centimètres de plomb, peuvent arrêter de manière fiable le rayonnement gamma émis par ces retombées radioactives. Il est donc inutile de tenter de fuir en prenant votre voiture, et rouler le plus loin possible du lieu de l’impact de la bombe car notre capacité à prédire où se trouveront les retombées afin de les éviter n’est pas suffisante (les retombées sont transportées par des vents de haute altitude pouvant avoir une direction différente du vent au sol et ce, souvent à 160 kilomètres par heure).
Donc il convient de se précipiter dans un abri, si possible avec un masque à poussière sur le visage, afin de se protéger des retombées qui peuvent arriver dès les premières minutes après une explosion. Il est impératif de rester dans l’abri durant les premières 48 heures, lorsque le risque d’exposition aux retombées radioactives est le plus élevé. L'idéal est d'y rester une bonne semaine et donc d'avoir dans l'abris le nécessaire pour tenir une semaine (Une radio et ses piles pour se tenir informé, de l'eau -idéalement 4 litres par jour et par personne car vous pouvez avoir besoin de vous laver après avoir quitté vos vêtements pour rincer les premières retombées-, un peu de nourriture et le nécessaire pour ouvrir les boites, un kit médical de base comme on a dans une automobile, une lampe à friction, vos médicaments essentiels si vous en avez besoin). Attention, il existe un grand risque dans le fait d’essayer de rassembler trop de choses, car c’est durant les premières minutes et heures après l’explosion que le risque d’exposition aux retombées radioactives est le plus important, surtout à l’extérieur !
Concernant les pilules d’iodure de potassium, elles ne sont pas très utiles durant les premières 48 heures suivant une détonation. Beaucoup de personnes semblent penser que les pilules d’iodure de potassium sont une sorte de médicament anti-irradiation. Ce n’est pas le cas. Elles empêchent l’absorption de l’iode radioactif, qui est qu’un des radionucléides, sur des milliers d’autres radionucléides existants. L’iode radioactif représente probablement seulement 0,2% de l’exposition globale à laquelle vous feriez face si vous étiez à l’extérieur. L’élément le plus important est l’abris ! (Les pilules sont les plus utiles concernant les préoccupations à long terme au sujet de la contamination de l’approvisionnement alimentaire, nous y reviendrons).
L'abris doit être parfaitement confiné pour être efficace. Le confinement est destiné à se protéger de la contamination nucléaire, c’est à dire éviter de se mettre en contact avec les produits radioactifs en suspension dans l’air et de ne pas les absorber. On se confine quand on pense que la situation va être maitrisée ou qu’il s’agit d’un phénomène global comme le passage d’un nuage radioactif suite à une explosion. La première chose à faire est bien entendu de fermer portes et fenêtres puis de les calfeutrer. Il convient de couper les ventilations. Ceci fait on retire ses vêtements dans un coin éloigné de la maison puis on prend une bonne douche et on met des vêtements propres. On mange et on boit uniquement des aliments en boites.
Evacuation
Attention, si vous pensez que la situation va se dégrader (Par exemple, problème sur un réacteur nucléaire et radioactivité qui continue d’augmenter), il convient d'évacuer coute que coute. Il faudra vous assurer du confinement du véhicule avant de démarrer puis partir si possible avant l'ordre d'évacuation. On portera systématiquement un masque anti poussière dont on changera régulièrement le consommable et on couvrera toute la peau (Gant, bonnet...). Une fois à destination, se confiner, de dévetir, se laver intégralement puis faire le point.